25/05/2023 Anissa Touati – Marraine de l’événement ” Les Correspondances 2023 “
Portrait Anissa Touati :
Anissa Touati est une commissaire d’exposition et conservatrice indépendante française, formée comme archéologue. Elle est curator-at-large de Paris Internationale, curatrice invitée du MAH de Genève, curatrice invitée à la fondation Thalie (Bruxelles) et directrice artistique du Pavillon pour une nation méditerranéenne de la Biennale de Lagos 2023-2024 (Nigeria). Elle a été directrice artistique de Contemporary Istanbul – projet pour lequel elle a construit un programme de réflexion autour de la question du méditerranéisme – et directrice associée de la Chalet Society à Paris.
Par Aurelia Vigouroux, Consultante RSE, board member de Paris Internationale et Fondation Constructa.
Aurelia Vigouroux : ” Qu’est-ce qui t’as incité à choisir la profession de commissaire d’exposition ? “
Anissa Touati : ” J’ai toujours baignée dans une effervescence culturelle, entourée d’artistes, de musiciens, d’acteurs. Je crois que l’art a une fonction de connexion entre des mondes qui parfois ne se parlent pas et permet de mettre en lien certaines institutions. Un.e commissaire d’exposition n’est pas seulement un.e acteur.ice artistique, il.elle agit aussi comme un acteur culturel et politique. “
Aurelia Vigouroux : ” Tout au long de ta carrière, quels ont été les éléments qui ont construit ton identité et comment la définirais-tu ? “
Anissa Touati : ” J’ai passé beaucoup de temps à défendre des artistes issus de ce que l’on appelle du “sud global”. J’ai effectué beaucoup de voyages pour comprendre ces pays dans leurs singularités : Amériques du Sud, Moyen Orient, Afrique, Asie du Sud. “
Aurelia Vigouroux : ” Que penses-tu du concept de porosité en art ? ”
Anissa Touati : ” Je trouve que la porosité est essentielle et que les formes d’art n’ont jamais été séparées totalement les unes des autres. Il en va de même avec la division artiste/artisan qui est une production relativement récente. Je trouve que la porosité, notamment entre les cultures, nous permet de retrouver une sorte d’unité perdue entre les formes expressives et j’ai toujours travaillé comme ça. L’art ne peut pas être national.”
Aurelia Vigouroux : ” Comment as-tu commencé à collaborer avec le monde de la Mode ? “
Anissa Touati : ” La mode a souvent été un soutien. Ma première collaboration je l’ai faite avec Le chausseur et maroquinier suisse Bally au sein d’une Maison Prouvé à l’occasion d’Art Basel et Basel Miami, où j’ai monté un projet mettant en avant sa collection de design composée de mobilier de Pierre Jeanneret, Jean Prouvé et Mallet Stevens en résonance avec une pièce unique du duo d’artistes français Kolkoz et de l’artiste américain Zak Kitnick.”
Aurelia Vigouroux : ” Tu as été le commissaire de la carte blanche Koché du festival OpenMyMed. Comment as-tu conçu le pendant art contemporain de ce festival ? “
Anissa Touati : ” C’est un exemple typique de porosité. J’ai conçu l’exposition pour que l’on se retrouve dans la position de quelqu’un qui regarde un défilé de mode. Quand on arrivait dans l’espace d’exposition, on ne voyait que des cimaises blanches. Mais, une fois l’espace d’exposition traversé, en revers, toute l’exposition se déployait. “
Aurelia Vigouroux : ” Comment as-tu appréhendé Marseille ? Que voulais-tu exprimer dans le choix des artistes dans les deux lieux d’exposition : Avenue de la République et les Docs ? “
Anissa Touati : ” Pour moi Marseille est une plateforme, une cité plutôt qu’une ville; un lieu de croisements qui a une histoire propre, antique. C’est un endroit de foisonnement éclectique avec des fragments de culture, un carrefour migratoire africain, maghrébin, arabe, latin. J’ai voulu réactiver cet héritage. “
Aurelia Vigouroux : ” Le festival OpenMymed a mis en avant la richesse de la culture méditerranéenne, un ancrage fort qui reste au cœur du projet de la Fondation aujourd’hui. Quelle est ta relation avec cette culture méditerranéenne ? “
Anissa Touati : ” La Méditerranée est un espace d’interactions entre des civilisations, des héritages et des traditions variées et par certains aspects communes. Une partie de ma famille y a ses racines. “
Aurelia Vigouroux : ” Tu es aujourd’hui Ami.e.s du Fonds MMM, que penses-tu de son rôle et comment vois-tu le tien au sien de ce fonds ? “
Anissa Touati : ” Durant les dernières années, je me suis beaucoup investie sur ce front, j’ai travaillé dans plusieurs pays du bassin méditerranéen. De mon point de vue, il n’y a pas suffisamment d’opportunités pour créer des collaborations constructives et égalitaires entre les pays méditerranéens. J’essaie donc de créer des liens d’écoute mutuelle. Le bassin méditerranéen étant historiquement un lieu d’échanges économiques et culturels, j’essaie d’y recréer ces liens et de donner une voix à ceux qui ne sont pas entendus. Il existe certes une unité méditerranéenne, mais d’un autre côté, il y a des divisions politiques et on ne peut pas faire comme si cela n’existait pas. Mon rôle est de donner plus de voix à ces créateurs. “
- Fondation Thalie
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- Dhakaart Summit
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