03/10/2022 L’IFM publie un nouvel ouvrage collectif : contribution du doctorant Khémaïs Ben Lakhdar
En cette rentrée 2022, l’Institut de Français de la Mode publie aux Éditions du Regards (IFM) un ouvrage collectif sur l’actualité de la recherche scientifique en mode.
19 Regards sur la mode comporte 19 articles réalisés par des chercheurs ou doctorants ainsi qu’une réflexion sur « L’Avenir des Fashion Week », proposée par le Directeur de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, Pascal Morand.
Parmi les productions scientifiques réalisées par les chercheurs de l’IFM et rassemblées dans cet ouvrage, on retrouve un article de Khémaïs Ben Lakhdar, premier titulaire de la Bourse Recherche du Fonds de Dotation Maison Mode Méditerranée en 2020.
En lien avec son travail de thèse portant sur « La mode orientale : le tournant ethnographique de la Haute couture à la Belle Epoque », il dresse un état des lieux de la recherche en études post-coloniales et décoloniales.
L’article, intitulé « La mode : un concept occidental ? Panorama transversal au prisme de la pensée postcoloniale et décoloniale. », commence par rappeler le manque d’études scientifiques dédiées à la mode en France et rassemblées sous un champ – tel celui des Fashion Studies dans les pays anglo-saxons – puis établit le lien (nécessaire) entre Fashion Studies et Post-Colonial Studies.
Comme pour tout courant de pensée, l’auteur de l’article rappelle – par la citation des travaux de l’anthropologue Capucine Boidin – que les champs disciplinaires apparaissent toujours dans des géographies spécifiques, au sein d’espaces situés sur un plan social et matériel. Ainsi, tandis que les études postcoloniales ont plutôt émergé dans le champ des études littéraire, les études décoloniales tendent à intervenir dans des domaines davantage liés à l’économie, l’histoire, la sociologie, ou encore la philosophie.
C’est ce mode de fonctionnement similaire à celui des Cultural Studies qui retiendra l’attention de Khémaïs Ben Lakhdar pour poursuivre sa réflexion et aboutir à l’analyse en exemple de la créatrice anglo-jamaïcaine Grace Wales Bonner. Selon lui, les alliances culturelles que les collections de la designer mettent en scène prolongent, dans l’industrie de la mode, « l’idée bhabhaienne du tiers espace » introduisant de nouveaux récits, décentrés et articulant « un dialogue inédit entre Grande-Bretagne et Caraïbes ».
Ce tiers espace, sorte de zone grise conceptuelle qui favoriserait l’émergence de récits innovants et dispensés de toute binarité, est un horizon auquel le Fonds de Dotation Maison Mode Méditerranée tente de contribuer depuis plus de vingt ans à travers ses prix et désormais ses bourses de mode et de recherche qui accompagne la relève créative en dehors des capitales de mode traditionnelles. Une volonté d’accompagnement d’une mode vaste et inclusive qui n’a pas échappé à l’auteur de l’article qui, suite à son expérience de terrain au sein du Fonds de Dotation MMM, relève le dispositif :
« […] la Maison Mode Méditerranée et son concours OpenMyMed Prize qui, dans la même dynamique, a permis de faire émerger et de soutenir la nouvelle garde de créateurs originaires du bassin méditerranéen, comme Amine Bendriouich, Mariam Sherif & Hend Helal, Ali Gasmi et plus d’une centaine d’autres. »
Article de @saveriamendella; doctorante en anthropologie de la mode et en contrat doctoral avec le Fonds de Dotation @maisonmodemediterranee
Le 03 octobre 2O22.