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07/09/2022 Le drapé de mode : de l’Antiquité à Madame Grès en passant par la Méditerranée

Dans l’histoire de la Haute Couture, apparue en France en 1868 sous l’impulsion du couturier Charles Frederick Worth, la française Madame Grès a bouleversé l’art de la mode. Née Germaine Krebs en 1903, pionnière d’une technique de drapé typique des savoir-faire textiles artisanaux, Madame Grès a inséré dans la mode un héritage ancestral bien connu : celui des vêtements des statuts grecques. En effet, avant Madame Grès, de telles précisions et finesses de drapés ne s’observaient que sur les statuts de la Grèce Antique qui nous sont parvenues. Tout en réalisant des bustes fins et moulages près du corps, Madame Grès a déployé les jerseys de soie et autres tissus en plusieurs couches de drapés et plissés. Grâce à son savoir-faire incomparable, Madame Grès obtint le Premier Prix de Haute Couture à l’exposition universelle en 1937.

Presque cent ans plus tard, le 7 juillet 2022, à Paris, en pleine semaine de la Haute Couture, une vente aux enchères d’archives exceptionnelles était dédiée à cette sculptrice de la mode chez Cornette de Saint-Cyr. Comme le précise Hulbert Felbacq, commissaire priseur de la vente Madame Grès qui fut aussi commissaire priseur de la vente des archives du Fonds de Dotation Maison Mode Méditerranée, « le plissé de Grès tient du génie. » En effet, la créatrice a confié à plusieurs reprises durant sa vie que son rêve a toujours été de devenir sculpteur. Une vocation contrariée par ses parents mais que l’on perçoit pleinement dans les créations architecturales qu’elle a réalisé pour sa marque. Soucieuse de la conservation de ses produits et de l’importance des archives, Madame Grès avait également fait le choix de produire des étiquettes sans nom de marque mais minutieusement numérotées, permettant ainsi de classer les modèles qu’elle réalisait. Car, au fil de sa carrière, cette sculptrice de la Haute Couture a réalisé environ 15 000 modèles, à raison de 200 modèles pour chacune de ses collections. En 1994, un an après son décès, le MET de New-York consacre la première rétrospective de l’histoire à la couturière. La même année, sous l’impulsion de Catherine Ormen, le musée de la mode de Marseille organise une exposition « Corps drapés » qui s’intéressait aux origines de la création de mode à travers la présentation de modèles plissés ou drapés. Une filiation que le créateur Azzedine Alaïa reproduire souvent dans des versions noires.

De nos jours, les héritages et présences de Madame Grès dans la mode contemporaine sont multiples. Ainsi, le créateur Mossi Traoré, fondateur de la marque MOSSI, a créé une école d’insertion de Haute Couture baptisée « Atelier Alix », en hommage au premier surnom de Madame Grès : Alix Grès. Les plissés plats de Madame Grès se retrouvent dans de nombreuses créations contemporaines, comme en témoignent des marques méditerranéennes boursières du Fonds de Dotation, à l’instar de la grecque Melissanthi Spei, la croate Marija Kulusic, ou encore la libanaise désormais basée à Paris Cynthia Merhej.

Le « pli Grès » est réalisé pendant la construction de la robe puis cousu. Le rendu relève de ce que la philosophie et l’histoire de l’art appellent « l’haptique », c’est à dire une émotion procurée par la vue d’un rendu beau, qui dépasse la seule vision pour se mêler au ressenti du toucher. Cette fonction haptique propre à certains objets est étudiée de la même manière pour les statuts grecques et autres oeuvres d’art célèbres. Et c’est bien l’Antiquité qui inspirait Madame Grès au point d’en faire sa renommée. Une antiquité parfois fantasmée, parallèlement attestée par les oeuvres qui nous sont parvenues, et que la mode revisite à chaque époque.

 

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