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Oiseaux de mode : une tendance historique

Lors de la Fashion Week de Mars 2021, la marque Koché, carte blanche du Festival OpenMyMed 2015 de Marseille, présentait sa collection Automne/Hiver 2021.

Collection récemment dévoilée à la « Koché Tribe » à travers une campagne au sein de laquelle les silhouettes genderfluid arborent des motifs inspirés de la nature, à tel point que les visuels alternent entre modèles humains et…mannequins oiseaux.

 

 

 

 

Dans ce même mouvement de rapprochement entre oiseaux et mode sous toutes leurs formes, le sweat Flame Velvet arbore des motifs de plumes.

Ce qui n’est pas sans rappeler le lien étroit que la mode a entretenu avec les plumes d’oiseaux au début du 20ème siècle. En effet, si l’anthropologue Anne Monjaret a mis en évidence dans ses travaux que la Belle Epoque fut une période charnière pour les plumassiers de France, ce sont les années suivantes – ces célèbres Années Folles – qui ont permis aux plumassiers français de faire rayonner leur art sur la scène internationale. Les plumasseries françaises sont devenues des emblèmes du savoir- faire hexagonal, tandis que les oiseaux du monde entier étaient chassés pour leurs plumages spectaculaires. Au fil du temps, le secteur de la mode, soucieux de son image et de son évolution permanente, a abandonné l’utilisation massive pour lui préférer d’autres matières animalières. Mais le lien avec les oiseaux a résisté, notamment à travers une utilisation de ces animaux en tant que mannequins pour les magazines de mode. Ainsi, comme souligné dans la thèse de Elsa Chanforan « Les griffes et le couturier : Représentations et usages contrastés de l’animalité dans l’iconographie de la mode », les oiseaux représentent 12% de la présence animale dans le magazine Vogue (édition française) entre 1980 et 2020.
Une constante qui permet d’attribuer à l’animal les quatrièmes (1980-2000) et troisième (2000-2020) places des représentations dans le magazine, derrière le chien, le chat et le cheval pour la première période.

 

Ce lien entre oiseau et créations de mode a notamment donné naissance à la célèbre expression « oiseau de nuit », que l’on attribuait aux danseuses de cabaret des années 20. Chaque nouvelle représentation était l’occasion pour les couturiers et plumassiers de renouveler leurs inspirations aviaires et de répandre de nouvelles tendances ornithologiques. Les oiseaux, devenus rares, sont cependant restés connectés au monde des cabarets, comme a pu le chanter Zizi Jeanmaire, parée de son célèbre « truc en plumes » créé par Yves Saint Laurent dans les années 1970.

 

Zizi Jeanmaire et son costume en plumes dessiné par Yves Saint Laurent

 

 

Mais l’oiseau et ses diverses représentations dans la mode ne sont pas seulement porteurs de symboliques positives tant les normes de genre ont été alimenté de biais sexistes grâce, entre autres, aux images de cage. La crinoline, cousine pas si éloignée de la cage, est un exemple marquant des représentations de l’enfermement des femmes, au même titre que les cages à oiseau enferme les plus petits spécimens pour les plaisirs de domestication humaine. La crinoline fut d’ailleurs ré-interprétée par la créatrice Chantal Thomass qui, par son concept du dessous-dessus, mettait en évidence dans ses créations les paradoxes vestimentaires.

 

La crinoline de Chantal Thomass

 

Au fil du 20ème siècle, la mode a développé un lien évolutif mais constant entre les femmes (majoritairement les mannequins) et les oiseaux. Ce lien fut d’ailleurs poussé à son paroxysme par la Maison Chanel en 1992 lors du lancement de la campagne Chanel N°5, dans laquelle Vanessa Paradis interprétait un oiseau en cage. Une cage dorée certes, protectrices contre un chat blanc également convoqué pour jouer le modèle dans le spot publicitaire, mais qui incitait tout de même la chanteuse à siffloter plutôt que de produire ses habituelles vocalises humaines.

 

Campagne Chanel par Jean Paul Goude, avec Vanessa Paradis

 

Toutes ces connexions complexes entre mode image, représentations des femmes, production de normes de genre, et attention aux « êtres autres qui comptent », ont été l’objet d’une enquête de la doctorante à l’EHESS et boursière de Fonds de Dotation Saveria Mendella, qui a réalisé une conférence à ce sujet à la Maison des Sciences de l’Homme de Lyon en Décembre 2022 dans le cadre des Journées d’Etude « Femmes Oiseaux et encagements genrés ». Son sujet intitulé, « Femmes encagées, couturiers libérateurs : la métaphore de l’oiseau dans la mode au XXème siècle », sera prochainement publié dans une revue scientifique.

 

 

 

 

Saveria Mendella, doctorante en langage de la mode et boursière rechercher 2021 du Fonds de Dotation MMM.

 

 

 

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