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Les designers africains célébrés en France – Tour d’horizon de nos créateurs lauréats

En Septembre 2021, notre lauréate tunisienne du concours OpenMyMed Prize 2018, Anissa Meddeb, a été exposée au Musée des Arts Décoratifs de Paris.

Forte d’une formation en Fashion Design à la Parsons School of New York, Anissa a fondé sa marque « Anissa Aida » en 2016. Inspirée par les costumes traditionnels, Anissa fait dialoguer le folklore tunisien avec son attrait pour le Japon et les coupes kimono. Adepte de la soie traditionnelle, qui est utilisée pour les costumes de cérémonie masculins et féminins en Tunisie, elle développe ses collections avec des artisans locaux. Son attention aux détails, ainsi que la valorisation des matières nobles par une technique de tissé main pour la réalisation de ses modèles, a conduit Anissa Meddeb à remporter, aux cotés de quatre autres créateurs tunisiens, le concours Creative Tunisia (organisé par l’ONUDIM) qui a donné lieu à l’exposition « Bonne Arrivée. Métiers d’Arts africains, design contemporain » au Musée des Arts Décoratifs de Paris, curatée par Maison Château Rouge. Cette exposition présentait de nombreux looks de créateurs africains, notamment celui grâce auquel notre créatrice lauréate à été retenue.

 

Anissa Meddeb revient sur son expérience…


  • Fonds de Dotation Maison Mode Méditerranée : Comment avez-vous été sélectionnée pour cet événement ?

Anissa Meddeb : L’exposition Bonne Arrivée est une manifestation organisée dans le cadre de la Saison Africa 2020 initiée par Emmanuel Macron, qui a pour mission de présenter les points de vue de la société civile africaine et de sa diaspora récente.

Placé sous le signe de la mode et du design, le collectif Les Oiseaux Migrateurs lancé par Youssouf Fofana, a invité des créateurs, artisans et designers africains à exposer leurs œuvres dans la nef du prestigieux Musée des Arts Décoratifs à Paris.

Pour exposer en temps que créateur tunisien, il y a eu un appel à candidature lancé par Creative Tunisia, un projet soutenu par la l’Union Européenne et par l’ONUDI, qui a pour but de renforcer les chaînes de valeur artisanales et du design en Tunisie. Dix créateurs tunisiens ont été retenus pour suivre un accompagnement, dont moi. Nous avons été encadrés pendant trois mois par Nadia Le Gendre, ancienne directrice de l’école de mode LISAA, et aujourd’hui intervenante en identité créative à la Casa 93, qui nous a aidé à travailler sur la partie « concept et story telling ». Nous avons également suivi un accompagnement dispensé par l’école Convergence à Tunis pour nous aider à déterminer et obtenir une excellente qualité de couture et de finitions pour nos looks.

  • Pouvez-vous décrire le look exposé au Musée des Arts Décoratifs et avec lequel vous avez participé au concours Africa 2020 pour les créateurs tunisiens ?

Anissa Meddeb : À l’occasion de promenades dans la médina de Tunis, je suis tombée sous le charme de la soie traditionnelle utilisée tant pour le safsari des femmes, voile de couleur écrue, que pour les djebbas de cérémonie des hommes. Ces pièces utilisent souvent des rayures. J’ai fait de ces rayures la signature de ma marque en me les ré-appropriant.  J’ai été aussi les chercher chez les artisans de Ksar Hellal, connus pour leurs tissages de la Fouta Tunisienne. 

Le look que j’ai présenté au Musée des Arts Décoratifs se compose de six pièces, toutes dans des matières nobles, tissées main. Les finitions ont été pensées avec soin, avec des biais et des coutures anglaises qui permettent un rendu net sur l’envers et l’endroit. 

– Un barnous : d’origine berbère, cette longue cape à capuche pour homme présente des similarités avec les kimonos masculins japonais. Mon Barnous est en lainage léger de petite laize correspondant à la largeur du métier à tisser. La longueur a été raccourcie, la capuche surdimensionnée. J’ai créé un jeu visuel par le changement de direction des rayures.

– Un sarouel : nom arabe du pantalon. Il se caractérise par un entrejambe bas. Chez les Japonais, les Samurai portaient des pantalons équivalents. J’ai choisi de diminuer la fourche et de minimiser l’aspect bouffant. Il est tissé dans une soie sauvage de la région de Tunis.

– Une jupe aussi bien fouta que sarong. La fouta n’est pas seulement le grand drap de bain pour le hammam. Elle est aussi un habit traditionnel porté pour les fêtes de mariages. Ma jupe se croise en créant une profonde ouverture permettant d’entrevoir le sarouel porté en-dessous.

– La chemise-tunique inspirée du kamis traditionnel, qui a donné son nom au mot français « chemise ». Elle est en soie tissée main appelée « stacrouda », de l’italien « seta cruda », soie écrue.

– Les balgha : elles sont dans le même tissu que le Barnous. La semelle, traditionnellement fine, a été surdimensionnée par le biais d’une plateforme en corde tressée.

– Le sac reprend deux formes géométriques simples : le carré et le cercle, fréquemment utilisés dans l’architecture et l’art musulman. Il est coupé dans un cuir bleu irisé, dit caviar pour sa texture granuleuse.

Vidéo du look d’Anissa Aida – Crédits : Créative Tunisia

Ce look raconte une histoire, transmet une mémoire. Il est enraciné dans une culture qui s’enrichit à la rencontre d’une autre, si proche et si lointaine en même temps. 

Malheureusement, pour des raisons de curation de l’exposition, seuls les vêtements de chaque créateur tunisien ont été exposés, et non les accessoires.

  • Quelle place tient l’artisanat dans votre processus de création ?

Anissa Meddeb : La mission de ma marque Anissa Aida est de préserver un artisanat local et ancestral qui me tient à cœur. Depuis ma toute première collection, je travaille avec un tisserand de la médina de Tunis connu pour ses soieries à rayures. Sa famille fait vivre ce savoir-faire depuis plus de six générations. Je travaille également avec un tisserand à Ksar Hellal, dans la région du Sahel, et je développe des chaussures inspirée par les balghra (ou babouches traditionnelles), ré-interprétées et adaptées à la vie contemporaine, dans un tout petit atelier dans la médina de Tunis.

Pour mes prochaines collections, je tiens à continuer à développer des collaborations avec des artisans qui détiennent des savoir-faire précieux.

Anissa Aida – Collection SS19

  • Pourquoi pensez-vous qu’il est particulièrement important de mettre en avant les Métiers d’Art Africains dans un Musée comme celui des Arts Décoratifs à Paris ?

Anissa Meddeb : Le Musée des Arts Décoratifs a beaucoup marqué ma jeunesse, et a forgé ma passion pour le stylisme. Ayant grandi à Paris depuis l’âge de 8 ans, et passionnée par le dessin et la mode je me souviens y avoir vu de nombreuses expositions: la mécanique des dessous, Van Cleef & Arpels, Dries Van Noten, Marc Jacobs et Louis Vuitton, des expositions sur les chaussures et les bijoux…et plus récemment la grande exposition sur Christian Dior.

Je pense que c’est très important qu’un musée de cette envergure présente une vision globale de la mode, et non simplement occidentale, qu’il s’ouvre sur d’autres continents comme l’Afrique pour mieux connaître et faire connaître ses créateurs et savoir-faire.


Les designs africains, de plus en plus prisés sur la scène de mode, permettent la mise en avant des créatifs du continent et de la diaspora dans un juste retour de l’attribution de leurs inspirations. La contemporanéité de la mode, qui a toujours puisé dans diverses zones du monde, est désormais encline à accueillir de jeunes créateurs aux inspirations personnelles qui facilitent une diversification des talents de mode. Ce large accueil fait aux designers africains a été permis par la persistance de figures de renom, telle Naomi Campbell, ou encore par la sublimation des particularismes textiles par des créateurs tels que Thebe Magugu, également exposé au Musée des Arts Décoratifs.

Collection SS 20 – Thebe Magugu Crédits Thebe Magugu

La Maison Mode Méditerranée, devenu Fonds de Dotation Maison Mode Méditerranée, entretient un dialogue avec les arts et les designs africains depuis le lancement de son concours OpenMyMed en 2010. Aujourd’hui encore, nous diffusons les créations de nos marques lauréates et ouvrons des espaces digitaux d’interactions avec les designers contemporains parmi les plus célèbres du continent.

La spécificité du Fonds de Dotation MMM est de constituer un hub créatif de la mode contemporaine au delà des capitales historiques. Cette géographie, mise à l’honneur sur la scène de mode internationale contemporaine, est une zone bouillonnante de diverses cultures que nous mettons en avant au travers nos marques, toutes recensées dans notre Data Créateurs .

Parmi cette base de créateurs, forte de 89 profils éclectiques, nous comptons la marque marocaine de souliers Zyne, la marque sénégalaise de prêt-à-porter artisanal Romzy, ou encore le créateur tunisien Ali Gasmi.

Romzy – Collection Zyne 2021 – Crédits Romzy

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